«Assourdissant!» «Impressionnant…» Ni avec la même tonalité ni à
l’heure habituelle, le réveil a sonné tôt hier matin pour les voisins des
carrières d’Arvel. Pluie, neige, gel, dégel… le cocktail climatique de
ces derniers jours a eu raison de la montagne. Et vers 4 h 40, une masse
rocheuse de plus de 30 000 m³ s’est détachée dans la carrière du Châble
du Midi. «Ça a duré entre quinze et vingt minutes, d’abord j’ai cru que
c’était le train, puis le bruit m’a rappelé celui causé par le débordement
du Pissot en 1995», témoigne Patrick Croci.
Zone à consolider
Habitant à proximité, l’ancien commandant des pompiers de Villeneuve «a
entendu, et vu aussi, le gros nuage de poussière qui a enveloppé
l’autoroute». Averti par la gendarmerie, le directeur des carrières,
Bernard Streiff, s’est rendu sur les lieux. Impressionné, mais rassuré. «En
principe on ne va pas sur le front de taille des carrières lors des périodes
de gel et dégel, nous étions d’ailleurs sur le point d’appliquer cette
mesure. Vu l’heure, personne n’était sur le site, il n'y a donc pas de
blessé et nous ne déplorons que des dégâts matériels. A savoir que deux
foreuses ont été emportées. »
Située en aval d’un site que les employés sont en train de consolider, la
zone où s’est produit l’éboulement fait partie du programme de sécurisation.
«Nous l’avions mis à l’enquête en 2004, il nous a fallu deux ans pour
obtenir l’autorisation», rappelle Bernard Streiff. Pour lui, «cet incident
justifie plus que jamais l’intérêt de poursuivre la consolidation. »
Hier, un éboulement s'est produit aux carrières d'Arvel à Villeneuve.
Une masse rocheuse de plus de 30 000 m3 s'est détachée en rive gauche de la
carrière du Châble du Midi. Cet éboulement s'est produit en aval de la zone
qui est en train d'être consolidée au moyen d'ancrages. Les matériaux sont
descendus jusque sur le cône de déjection mais sans dépasser la digue de
protection en amont de la voie interne de chemin de fer.
Aucun blessé n'est à déplorer, mais deux foreuses ont été emportées par
l'éboulement. «Les travaux de confortation que nous avons demandé
d'entreprendre en 2004 et qui ont été autorisés en 2006 montrent ainsi leur
pleine justification», commente le directeur de Carrières d'Arvel SA Bernard
Streiff. «Ils seront poursuivis tout en assurant la sécurité du personnel
et des riverains avec l'aide des géologues en charge du suivi des carrières.»
C
Tôt vendredi matin, une masse de 30000 mètres cubes de roche a plongé
des carrières d'Arvel, à proximité de Villeneuve (VD). La direction ne déplore
pas de blessés. En revanche, elle signale la perte de deux foreuses. Le
communiqué de presse de la société, filiale du géant français de la
construction Bouygues, indique encore que les travaux de sécurisation en
cours sur la rive gauche du Châble du Midi, l'un des deux sites exploités
par les Carrières d'Arvel où l'éboulement a eu lieu, vont se poursuivre.
L'éboulement risque de raviver une fois de plus la controverse dans la région.
En effet, l'Association pour la protection des Monts d'Arvel (SOS-Arvel) se
bat depuis des années pour éviter l'extension de la carrière, stoppée définitivement
par le Tribunal fédéral en 2007, voire pour obtenir sa fermeture. Contre
toute attente, l'Office fédéral de l'environnement a délivré au début de
l'année un permis provisoire d'exploiter la carrière jusqu'en 2020, alors
que les licences actuelles arrivent à échéance en 2011 et 2013 pour les
deux sites.
SOS-Arvel conteste l'intérêt national du site, désormais centenaire, voué
à l'extraction de roches dures utilisées pour l'asphalte des autoroutes et
le ballast des chemins de fer. Pire encore, selon l'association, il nuit au développement
touristique de l'est du lac Léman, entre Riviera et Chablais, avec ces
balafres qui défigurent le paysage. Sans parler des dangers d'éboulement; le
plus grave avait eu lieu en 1922.